Couché, il attend sans bouger que la douleur diminue, mais elle empire. Elle commence même à se propager au dos et aux aisselles. Il a la sensation qu'on lui écrase les bras. Vers deux heures du matin, la douleur étant assez vive pour le faire gémir, il se lève et descend à l'étage inférieur pour ne pas réveiller les autres membres de la famille. Il ne pense pas à la crise cardiaque, car il vient de passer un bilan de santé complet trois mois plus tôt et ses résultats étaient bons. L'homme de 58 ans attend patiemment que sa femme se lève, à 6 h, et décide finalement de se rendre à l'hôpital. Il prend toutefois le temps de prendre sa douche, de s'habiller et d'organiser la garde de son petit garçon de cinq ans par sa belle-mère. Vers 8 h seulement, il part pour l'hôpital. « J'ai laissé ma femme prendre le volant, tout de même... », dit Sepehr Khalili. À l'hôpital, l'infirmière de triage l'interroge sur l'intensité de sa douleur. « Si ça empire, je vais hurler », répond Sepehr Khalili. Il est alors immédiatement entouré par une équipe de professionnels de la santé qui travaillent fiévreusement à stopper la crise cardiaque. Aujourd'hui, Sepehr Khalili fait du conditionnement physique trois fois par semaine sur un tapis roulant et même avec un exerciseur elliptique. « Je me sens beaucoup mieux, je peux faire beaucoup plus de choses et je vois la vie sous un meilleur jour. Je n'ai plus peur de m'écraser à tout instant », dit-il. Il est inscrit au Programme d'amélioration de la santé cardiovasculaire de Montréal , programme à but non lucratif de prévention et de réhabilitation des personnes cardiaques ou diabétiques. Ce programme, affilié au Centre universitaire de santé McGill, fait appel à des médecins et professionnels de la santé du CUSM. Il s'agit du seul programme de cette nature au centre-ville de Montréal et de l'un des deux programmes de prévention cardiovasculaire sur l'île de Montréal. Le Dr Steven Grover , directeur de l'épidémiologie clinique au CUSM, dit que la maladie cardiaque est la première cause de décès au Canada, mais qu'il y a une lacune troublante de programmes de prévention. « Les médecins trouvent inacceptable que la seule chose qu'ils puissent faire pour un patient menacé de crise cardiaque soit de lui dire de marcher 30 minutes par jour ou de s'inscrire à une centre de conditionnement. Ces patients ont besoin d'un programme plus structuré et encadré, non seulement pour faire de l'exercice sans danger, mais aussi pour intégrer l'exercice dans leur vie quotidienne. » Selon le D rGrover, un grand nombre de centres de conditionnement ne sont pas aptes à recevoir des patients souffrant de maladies cardiovasculaires. Il faut encadrer ce type de clients pour veiller à ce qu'ils fassent de l'exercice en toute sécurité et d'une manière adaptée à leur état de santé et à leur traitement. Par exemple, les patients qui font de l'hypertension peuvent avoir besoin d'ajuster leurs médicaments à partir du moment où ils font de l'exercice. L'équipe du Programme d'amélioration de la santé cardiovasculaire comprend des cardiologues, des internistes, des médecins de famille, des kinésiologistes, du personnel infirmier, des diététistes et des psychologues. « Nous espérons que les personnes ayant suivi notre programme auront diminué leur risque de faire une autre crise cardiaque ou auront intégré dans leur style de vie les changements nécessaires à la prévention de la crise cardiaque. Elles pourront aussi se sentir à l'aise et en confiance pour faire de l'exercice de leur propre initiative, soit dans un établissement commercial, soit à domicile », dit Marla Gold , directrice de programme. À l'inscription, les nouveaux membres consultent un médecin spécialiste de la prévention et de la réhabilitation cardiovasculaires. Ils subissent une épreuve d'effort en vue d'établir leur niveau de forme physique et de tolérance à l'exercice et pour déterminer si l'exercice risque de causer des problèmes cardiaques. Ils ont ensuite droit à une séance de formation individuelle avec un spécialiste de l'exercice qui élabore à leur intention un programme de conditionnement personnalisé, en fonction des capacités du sujet. Par la suite, les membres font de l'exercice trois fois par semaine pendant au moins 12 semaines. Si le conditionnement en petit groupe semble trop intimidant ou peu pratique, les patients peuvent choisir le programme d'exercices à domicile. Les membres qui ont une surcharge pondérale sont incités à consulter les diététistes participant au programme pour apprendre à modifier et à améliorer leur alimentation. Ils peuvent aussi prendre rendez-vous avec un psychologue attaché au programme, qui les aidera à faire face au stress, à l'anxiété et à la dépression, états souvent associés à la maladie cardiovasculaire. Le D rGrover reconnaît que le plus dur dans l'exercice, c'est de persévérer. « Je n'ai pas de recette magique. Il faut de trois à six mois pour que les bosses et les muscles endoloris ne fassent plus mal et intégrer l'exercice à votre programme courant », dit-il. Son grand conseil : choisir une activité qui vous plaît. Pour reprendre le slogan de Nike, « Fais-le donc ! » « L'exercice, associé à une perte de poids de 5 à 15 livres, peut avoir un effet radical sur la santé d'une personne. Un grand nombre de personnes pourraient éliminer ou diminuer les médicaments qu'elles prennent chaque jour simplement en perdant un peu de poids et en bougeant un peu plus », ajoute le D rGrover. Mais triste réalité, dit-il, les médicaments sont gratuits alors que les programmes d'exercice et de réduction du poids coûtent de l'argent, exigent du temps et des efforts, ce que trop peu de Canadiens sont prêts à faire. - Lisa Dutton
Pour vous inscrire ou pour obtenir des renseignements supplémentaires, communiquez avec le Programme d'amélioration de la santé cardiovasculaire au (514) 489-6630 |